Situation des travailleurs immigrés au Qatar : l’impératif du recrutement équitable

Situation des travailleurs immigrés au Qatar : l’impératif du recrutement équitable

Publié le 08 Nov 2019

Trois ans avant la Coupe du monde de Football 2022, le responsable du bureau de projet de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) au Qatar, Houtan Homayounpour, se félicite dans une interview au quotidien La Dépêche du Midi, en date du 3 novembre, des mesures récemment adoptées dans ce pays facilitant la liberté de mouvement des travailleurs immigrés. Mais la question de leur recrutement est également un point essentiel pour s’assurer qu’ils ne seront pas soumis à des situations de travail forcé.

Au Qatar les ouvriers étrangers viennent pour la plupart des pays d’Asie voisins (Philippines, Inde, Pakistan, Bangladesh…) et doivent avoir recours aux services d’agences de recrutement basées dans leurs pays. Ces agences leur demandent parfois des frais de recrutement équivalant à plusieurs années de salaire, les plaçant dans des situations de travail forcé pour rembourser leurs dettes. Elles peuvent également tromper le travailleur sur la nature du travail et sur la rémunération, lui faisant signer différents contrats successifs, dans une langue qu’il ne comprend pas.

Les réformes engagées début septembre sur la libre sortie du territoire, la possibilité de changer d’employeur ou l’assurance d’un salaire minimum sont un pas en avant. Mais la prévention des risques de travail forcé passe également par le respect des principes de recrutement équitable, promus par l’OIT, permettant un consentement libre et éclairé du travailleur : délivrance d’un contrat dans la langue du travailleur, contrat ne pouvant être modifié sans son consentement, frais du recrutement à la charge de l’employeur et non du travailleur… 

Le Qatar et l’OIT ont initié des actions dans ce sens : remboursement par certaines entreprises de leurs frais de recrutement à des dizaines de milliers de travailleurs, création de centres de délivrance de visa dans les pays d’origine devant permettre aux travailleurs de signer avant leur départ des contrats transparents et dans leur langue… 

Des efforts nécessaires, qui doivent s’accompagner d’un travail sur le modèle économique des filières de recrutement.

L’ONG Ressources Humaines Sans Frontières agit contre le travail forcé et le travail des enfants. Le recrutement équitable est au cœur de ses actions. En savoir plus sur ce sujet : https://www.rhsansfrontieres.org/rhsf-sur-le-terrain/.

Contact presse : Estelle Eeckeman, e.eeckeman@rhsansfrontieres.fr