“Montrer la voie pour réduire le risque de travail forcé”: une alliance franco-taïwanaise portée par RHSF 

“Montrer la voie pour réduire le risque de travail forcé”: une alliance franco-taïwanaise portée par RHSF 

Publié le 31 Oct 2023

Le Bureau Français de Taipei et le ministère du Travail taïwanais, sous l’impulsion de RHSF, ont organisé un séminaire de travail afin de promouvoir l’échange de connaissances et d’expériences pour réduire le risque de travail forcé. RHSF a ainsi coorganisé le 23 octobre dernier avec son partenaire local, l’ONG Serve the People Association-SPA, et avec le soutien des institutions franco-taïwanaises, un séminaire intitulé : 

Ce séminaire a été l’occasion pour RHSF et les participants d’expliquer la complexité du sujet et de lancer un appel à action pour poursuivre le dialogue et rechercher des pistes d’actions concrètes dans une démarche d’intelligence collective. 

Cet événement s’est déroulé dans le cadre du programme de recherche-action « Lab 8.7 » de RHSF. 

Le programme de recherche-action « Lab 8.7 » : analyser, tester, partager 

Créé et piloté par RHSF en partenariat avec le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE), le « Lab. 8.7 »* présente l’exemple unique d’une approche partenariale indispensable entre pouvoirs publics, entreprises et société civile pour atteindre l’objectif d’un travail décent pour tous. 

Le laboratoire répond en effet à un constat de RHSF sur le terrain : dans la lutte contre le travail des enfants et le travail forcé, chacune des parties prenantes (entreprises, investisseurs, consommateurs, Etats…) détient une partie de la solution. Et l’impulsion doit être donnée par chacune au plus haut niveau de la hiérarchie, et surtout dans une démarche commune. 
 
En tant que programme de recherche-action, il fournit un cadre académique aux expérimentations de RHSF qui laisse le temps à tous de tester des solutions avant de les partager avec le plus grand nombre, et ce dans l’intérêt général.  

Dans les chaînes d’approvisionnement mondialisées, les pratiques des entreprises clientes, comme celles des entreprises locales, des agences de recrutement, des intermédiaires ou des institutions publiques, se combinent et peuvent conduire à des situations de travail forcé.  

Le travail forcé en bref  : 

Le processus de coopération entre différents acteurs : une avancée progressive dans la lutte contre le travail forcé   

Chaque partie prenante ne comprend pas toujours les intérêts des autres. Ces difficultés maintiennent les travailleurs migrants dans une situation des plus vulnérables. Afin de lutter efficacement contre cette situation, dans le cadre du programme de recherche-action « Lab 8.7 », et sous l’impulsion du Secrétaire général du ministère français des Affaires étrangères, des chefs d’entreprise français et des investisseurs ayant des intérêts à l’étranger se sont engagés dans un changement à long terme en décembre 2022.  

En effet, le devoir de vigilance contre le travail forcé est difficile à mettre en œuvre face à des situations aussi complexes. Ce changement exige que nous co-construisions avec les acteurs locaux ou non, tout au long des chaînes d’approvisionnement : entreprises, investisseurs, organisations de la société civile, syndicats, fonctionnaires taïwanais, fonctionnaires français et étrangers. 

Amener les différents acteurs de la chaîne d’approvisionnement à identifier les obstacles pour les surmonter 

Des situations ont été identifiées auprès des entreprises et investisseurs, qui ne sont pas seulement le fait d’un client ou d’une entreprise locale, mais aussi le résultat de tout un système de recrutement à l’étranger. C’est dans ces situations, où plusieurs acteurs jouent un rôle simultanément, qu’un effort collectif et coordonné doit être réalisé.  

L’objectif de ce séminaire était de comprendre les points de vue de chaque partie prenante afin de coordonner une initiative commune où chacun peut agir à son niveau pour réduire l’exposition au travail forcé des travailleurs, et plus particulièrement des migrants. Une approche progressive, tenant compte des intérêts et des préoccupations de chaque acteur, est un moyen possible de réduire durablement cette exposition. 

Le député Potier, porteur de la loi sur le devoir de vigilance en France, a expliqué aux participants l’esprit de ce texte, qui est une loi de prévention du risque pour les plus vulnérables. 

Une travailleuse migrante des Philippines a de son côté fait part de son expérience et de son parcours migratoire jusqu’à Taïwan. RHSF et SPA ont donné une vision globale des situations de travail forcé à Taïwan, qui débutent bien souvent dans les pays d’origine des travailleurs. 

L’investisseur français Amundi et la société Schneider Electric à Taïwan ont fait également part de leurs attentes et de leurs difficultés face aux problèmes de travail forcé tandis que l’entreprise malaisienne pilote dans le projet « RéSolutions » de RHSF, a été invitée à présenter ses solutions expérimentales, mises en place avec RHSF, ainsi que les obstacles rencontrés et les opportunités.  

Afin d’encourager l’action de groupe dans la lutte contre le travail forcé, des points de vue académiques, des organisations civiles et du gouvernement, ont été inclus dans les discussions. Finalement, c’est environ une centaine de personnes qui ont répondu présent à Taipei.  

Ces échanges ont permis un séminaire de partage réussi, de réflexions, d’échanges de connaissances et de compétences pour que chacun puisse en ressortir en ayant appris à identifier les points bloquants et les leviers d’action pour lutter contre le travail forcé.  

Ce séminaire a été l’occasion pour RHSF de lancer un appel à action pour que les acteurs présents comprennent le sujet et décident de s’engager, chacun à son niveau, à lutter contre le travail forcé dans leurs pratiques. Désormais, RHSF continue de mobiliser les acteurs concernés pour poursuivre le dialogue et rechercher des pistes d’actions concrètes dans une démarche d’intelligence collective.  

Pour en savoir plus sur le projet « Taiwan », vous pouvez contacter le chef de projet Asie, Aziz Ahammout, à aziz.ahammout@rhsansfrontieres.onmicrosoft.com.  

Vous pouvez visionner l’intégralité du séminaire sur notre chaîne Youtube (en anglais). Retrouvez également ci-dessous le programme de cet après-midi. 

 “Montrer la voie pour réduire le risque de travail forcé” – Programme

Session de bienvenue  
Remarques préliminaires Introduction  Pourquoi une initiative commune ? Ministre du travail  +  Directeur du bureau de France à Taipei 
Partie 1 Lois sur le devoir de vigilance raisonnable  Pourquoi ces lois sont-elles promulguées et dans quel esprit ? Témoignage du député français Dominique Potier, qui a été le rapporteur de la loi française sur le devoir de vigilance et l’a évaluée cinq ans après son adoption. Il travaille également sur la loi européenne sur le devoir de vigilance. Dominique Potier, député français (en duplex depuis Paris) 
Perspectives des travailleurs  Témoignage d’un travailleur migrant dans le secteur manufacturier. SPA (y compris le témoignage d’un travailleur migrant) 
Le point de vue des organisations d’accueil des travailleurs migrants  Quelles sont les conclusions qui ressortent d’années d’hébergement des travailleurs migrants, quelles sont les réalités dont les travailleurs ne parlent pas et que les organisations de la société civile peuvent aider à faire entendre. 
Les réalités du recrutement et de la migration  Présentation d’une étude sur les voyages des migrants depuis leur village d’origine en Indonésie vers des pays d’accueil comme Taiwan. RHSF 
Systèmes de travail forcé   11 indicateurs définis par l’OIT (Organisation Internationale du Travail) répartis en 4 catégories clés : 4 préoccupations principales pour tous  (Consentement, Contrainte, Isolement, Liberté de mouvement). 
Questions et réponses – Partie 1 
Pause 

*Le « Lab 8.7 » a été lancé par RHSF en 2020, après l’institution par l’ONU du partenariat mondial « Alliance 8.7 ». Lui-même nommé ainsi en référence à la cible 8.7 des Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU, avec pour but d’éradiquer d’ici à 2025 le travail des enfants, et d’ici 2030 le travail forcé.