Le dessin : un moyen exceptionnel de lutter contre le travail forcé et le travail des enfants
Publié le 20 Mar 2021
Le dessin, de par sa singulière façon de communiquer, se présente comme un incroyable moyen d’appréhender des sujets sensibles tout en étant compris de tous. RHSF et l’OIT* sont ainsi ravis d’organiser un concours international de dessin sur le travail forcé. Le dessin permet à chacun d’entre nous de comprendre la grande diversité de formes que peut prendre le travail forcé et nous montre des voies pour envisager des solutions.
L’édition 2021 du concours de dessin entend contribuer au cadre élaboré par les Nations Unies au travers des 17 Objectifs de Développement Durable. L’objectif n°8 a plus particulièrement pour ambition de promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, de même que le plein emploi productif et un travail décent pour tous. Afin de soutenir et de mener à bien ce programme nécessaire et ambitieux, l’Alliance 8.7 – présidée par la France depuis juin 2019 – oriente ses efforts vers une action coordonnée et globale pour combattre le travail forcé et le travail des enfants. Enfin et surtout, 2021 a été proclamée année internationale de l’élimination du travail des enfants. En dépit des menaces qui émanent de la pandémie, il est temps d’agir en développant les possibilités offertes par cet environnement remarquable pour éradiquer le travail des enfants.
Appréhender la complexité du travail forcé et du travail des enfants grâce au dessin
Le travail forcé se caractérise par un enchevêtrement de causes, de conséquences et de parties prenantes telles que les travailleurs, les entreprises, les fournisseurs, les intermédiaires… S’engager sur un terrain aussi compliqué exige de déchiffrer et d’expliquer les interactions qui existent entre ces acteurs. Pour être prévenus et éradiqués, les risques encourus par les travailleurs doivent être identifiés de la manière la plus fine possible. Malheureusement, les travailleurs eux-mêmes ne connaissent pas leurs droits. Les dessins peuvent alors être un moyen d’appréhender la complexité des enjeux et les leviers d’actions ainsi que les droits et obligations de tous les acteurs.
Le dessin apparaît comme un langage universel permettant d’appréhender efficacement une situation aussi complexe que le travail forcé et le travail des enfants. Les dessinateurs se sont de tout temps donné pour mission de mettre en lumière les imperfections sociales et politiques du monde dans lequel ils vivaient en séduisant leur public grâce à l’élégance inspirante et émouvante du dessin. Le fondement de ce potentiel réside dans l’essence intime du dessin lui-même. Quoique s’exprimant sans mots ou presque, il est compris de tous. Les dessins sont des outils de communication puissants pour souligner l’urgence d’apporter une action immédiate et de valeur en faveur des victimes. D’après Vladimir Kazanevtsky, un des plus grands caricaturistes ukrainiens, la force des dessins réside précisément dans leur capacité à mobiliser un vaste auditoire. Il souligne que : « Lorsque les dessins apparaissent dans les journaux et les magazines, à la télévision, sur Internet, des millions de personnes peuvent les voir. Des dessins lumineux et perspicaces vont aider à sensibiliser au problème du travail forcé et du travail des enfants ».
L’envergure internationale du concours de dessins
La première édition du concours de dessins s’est tenue en 2015 sous la présidence de Plantu au côté de l’ONG malaysienne Tenaganita, et, en partenariat avec Cartooning For Peace. Elle fut, à tous les égards, un succès remarquable. Pas moins de 300 dessins intransigeants, réalisés par plus de 120 dessinateurs résidant aux quatre coins de la planète furent présentés. Grâce à Caritas Internationalis, l’exposition a voyagé de part et d’autre du globe, sensibilisant ainsi plus de 20 000 personnes. Elle a été accueillie dans des endroits prestigieux tels que le siège de l’ONU à New York et le Sénat et l’UNESCO à Paris. Elle a également été présentée au Vatican et au Ministère de la Justice du Luxembourg.
Commentant le succès de la première édition, Martine Combemale – la fondatrice de RHSF – souligne que : « Cet événement nous a montré que le dessin était un formidable vecteur de compréhension de l’invisible et, plus important encore, des invisibles : ces personnes et ces enfants en situation de travail forcé. Les dessinateurs ont tous mis leur talent et leur énergie pour nous éclairer sur la vie de ceux et celles qui travaillent pour nous sans qu’on le sache. »
Cette nouvelle édition, qui s’enracine dans le succès du premier concours de dessins, est organisée par l’OIT et RHSF en partenariat avec Cartooning For Peace. Sa thématique se résume en trois mots : refuser, comprendre et agir. Trois mots que nos membres connaissent déjà très bien puisqu’ils incarnent les trois convictions au cœur de l’action de RHSF. Les partenaires du concours accueilleront également de nouveaux venus pour l’édition de 2021 afin de représenter la variété de parties prenantes impliquées dans la prévention et l’éradication du travail forcé et du travail des enfants. Le jury sera composé d’un représentant de chacune des organisations partenaires ainsi que de deux invitées de choix : Anousheh Karvar, la Présidente de l’Alliance 8.7, et Molly Namirembe, une activiste ayant elle-même connu le travail forcé lorsqu’elle était enfant. Le jury aura l’honneur de remettre trois prix, dont un prix spécifique dédié au travail des enfants afin d’encourager les parties prenantes à accroître leurs efforts pour mettre un terme au travail des enfants en cette année symbolique. Autre nouveauté de 2021 : deux autres prix seront attribués. Le « Choix du public » sera déterminé par le vote du public, et le « Coup de cœur » choisi par Cartooning for Peace.
Proposer des solutions concrètes par le dialogue et la coopération
Les membres de RHSF sont en effet intimement convaincus que des améliorations durables et effectives ne peuvent être obtenues qu’à la faveur du dialogue et de la coopération. L’indignation est certes indispensable, mais insuffisante. Abolir le travail forcé et le travail des enfants exige que tous les acteurs travaillent consciencieusement ensemble, parce qu’une situation complexe ne saurait être résolue par une solution simple.
RHSF se réjouit d’organiser un nouveau concours de dessins et de pouvoir travailler main dans la main avec l’OIT et tous les partenaires. Cette expérience si formidable est en effet une incroyable opportunité pour alerter l’opinion et renforcer les relations qui unissent les acteurs.
ILO = the International Labour Organisation is a UN agency.